Intervention en milieu scolaire : comment répondre aux discours xénophobes ?

Bernard Lonchamp, responsable de la commission éducation de la Licra Bas-Rhin.

Bernard Lonchamp, responsable de la commission éducation de la Licra Bas-Rhin.

Bernard Lonchamp est responsable de la commission éducation de la Licra Bas-Rhin. Avec d’autres bénévoles, il intervient régulièrement en milieu scolaire dans le but de sensibiliser les jeunes aux luttes antiracistes. Ces derniers, sans en avoir toujours conscience, peuvent tenir des propos xénophobes. Face à ces discours, l’ancien professeur expose plusieurs réactions possibles.

Tout d’abord, il ne faut pas hésiter à interroger le jeune sur son raisonnement et ce sur quoi il s’appuie. « Souvent, ils sont embarrassés, car ils n’arrivent pas à trouver des arguments : les préjugés ne reposent pas sur des faits. », explique Bernard Lonchamp. Il faut alors répondre en donnant des exemples concrets, des chiffres ou en rappelant la loi, notamment l’article 1 de la constitution qui consacre « l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

Ne pas adopter une posture moralisatrice

Même si certains propos racistes sont choquants, le responsable de la commission éducation souligne l’importance de ne pas adopter une posture moralisatrice. Cela n’empêche pas, selon lui, d’exprimer fermement son désaccord en tant qu’intervenant. L’objectif est de montrer aux élèves que « les discours autour d’eux, sur internet, ou au sein de leur famille, ne sont pas forcément les seuls discours possibles ».

Faire référence aux expériences personnelles des élèves est aussi un moyen de les impliquer davantage. « Ils sont parfois acteurs de discriminations mais aussi victimes », explique Bernard Lonchamp. Leur rappeler qu’ils peuvent, eux-aussi, subir certains préjugés leur permet de prendre du recul. D’autres techniques, qui doivent être maniées avec précaution, servent à interpeller les jeunes, comme l’humour ou la provocation.

Il est impossible de convaincre à tout prix

Bernard Lonchamp exploite aussi la dynamique de groupe. Il estime qu’il est très important de ne pas « s’enfermer dans une conversation à deux », afin de « sortir de la pensée unique et de stimuler » l’ensemble de la classe. « Il faut que les élèves s’expriment, y compris pour dire des choses terribles. Le pire cas de figure, c’est celui où ils ne disent rien. »

Cependant, l’objectif n’est pas de convaincre à tout prix. Certains jeunes aux propos xénophobes ne changeront pas d’avis, mais l’intervention aura permis de s’affirmer contre ces discours, de conforter les élèves qui les condamnent, et d’aiguiller les plus indécis.