Fatus joue son spectacle antiraciste à Paris

Pierre Fatus sur scène/photo Nicolas Messner

Pierre Fatus sur scène/photo Nicolas Messner

Pierre Fatus avait donné la première de son spectacle antiraciste à Strasbourg. Fort de son succès, il joue désormais sa pièce intitulée « L’arme de fraternité massive » au théâtre du gymnase à Paris.

Au départ, vous aviez joué pour la Licra Bas-Rhin. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Je ne suis pas un produit Licra, je suis un artiste libre. D’autres associations peuvent faire appel à moi si elles le souhaitent.

En revanche, le fait d’avoir été programmé par la Licra m’a permis de mesurer la désolante puissance de l’antisémitisme en France et je ne m’y attendais pas. J’ai été attaqué par Soral, Dieudonné, ses fans ou par des anonymes via le site de mon spectacle. Il y a aussi eu des vidéos terribles mais ça me fortifie car il y a des gens dont l’insulte vaut décoration.

À l’origine, votre pièce s’appelait « La guerre des clowns est déclarée ». Pourquoi avoir changé de nom ?

L’ancien titre de mon spectacle, ainsi que les médias, m’avaient enfermé dans un combat de personnalité avec Dieudonné. Je voulais sortir de ça, je voulais quelque chose de plus large car je défends une parole universelle.

Peut-on dire que vous êtes un artiste engagé ?

Je ne fais que parler : j’ose me positionner sur l’égalité des gens et ça me fait plaisir. Maintenant c’est du courage de dire « aimez-vous les uns les autres » ? Quelle régression ! On a réussi à nous intimider de parler. Cette pièce, je l’ai écrite pour mes filles, pour me situer activement face à des choses inacceptables.

Il y avait parfois un malaise palpable dans le public…

Je ne voulais pas me plier à la dictature du rire : oui, il y a des moments qui ne sont pas drôles. Le but n’est pas d’embarrasser les gens mais d’amener des sujets qui les interrogent.

J’utilise des pirouettes de clown, j’aime alterner le « show » et le froid, j’utilise toutes les ficelles du showman : des métaphores poétiques, le pied de nez etc.

/photo Nicolas Messner

/photo Nicolas Messner

Avez-vous fait évoluer votre pièce au fil de l’actualité ?

Oui, j’ai rajouté un passage en référence aux réfugiés. J’ai également raccourci le début où je fais plusieurs références historiques.

J’ai pris 9 mois pour écrire cette pièce, le temps de porter un enfant ! Je joue 1h10 chaque samedi soir, mais j’ai au moins pour 2h30 de matière en magasin.

Comment est reçu votre spectacle à Paris ?

Une fois sur deux j’ai la standing ovation. Les gens sont toujours émus par la parole large.

En semaine, lorsque je ne joue pas, je me charge d’un gros travail de production. Je rencontre des gens, des politiques ou des directeurs de salle avec mon producteur Bertrand Penninckx. Il faut du courage pour produire un tel spectacle, car cela représente un risque financier, ce n’est pas du commercial déconnecté de toute éthique ou de toute vision politique et ça peut faire peur.

Aujourd’hui, je dirais que je suis un funambule qui délivre une parole universelle. Mon but, c’est d’agir avant les élections présidentielles de 2017. Et après, on verra selon les résultats !

Infos pratiques : Pierre Fatus au théâtre du Gymnase, 38 boulevard de Bonne Nouvelle, 75010 Paris, tous les samedis à 18 heures jusqu’au 16 janvier 2016. Réservations au 01 42 46 79 79.