Faïçal Amroune : le VRP du futsal

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Article des Dernières Nouvelles d’Alsace du 11/02/2014
Crédit photo DNA – Jean-François Badias

Il n’a jamais joué au football ou au futsal, mais Faïçal Amroune s’est surtout épris de cette dernière discipline qui tend à se professionnaliser. Le président du Sporting Strasbourg Futsal en est devenu un VRP. 

Il est de Montbéliard, c’est là-bas qu’il est né il y a un peu plus de 45 ans. Et s’il a grandi à Héricourt à l’ombre des usines Peugeot, jamais loin du stade Bonal, c’est une autre petite balle qui va vite le démanger.

« J’étais handballeur, j’ai joué à Héricourt, Belfort ou Sochaux, dans trois départements différents : le 70, le 25 et le 90, toujours à côté de chez moi. »

Faïçal Amroune était un bon joueur de Nationale 2 ou 3.

« Je pourrais peut-être rouler sur l’or, j’ai préféré rouler pour les autres »

Le football, il va le connaître « pour aider les autres », puisqu’il prend la présidence de l’AS Algériens d’Héricourt très jeune. « J’avais 22 ans. Et il fallait que je m’implique dans la vie de la cité. »

Le football, puis vite le futsal, est le moyen le plus direct pour toucher les populations les plus défavorisées, à ses yeux. « Le sport doit aider à l’insertion des gens dans la société. Et, dans les quartiers dits difficiles, le futsal est le dénominateur commun. Il rassemble plus qu’il ne divise. J’aime prendre l’exemple de Nantes où il y avait des soucis entre quelques quartiers. Il a suffi d’organiser quelques tournois pour adoucir les différends. »

Faïçal Amroune sera aussi étudiant, un étudiant plutôt brillant pour le Commerce. « Je pourrais peut-être rouler sur l’or, j’ai préféré rouler pour les autres », sourit cet incorrigible optimiste du genre humain.

Dans la vie de tous les jours, après avoir travaillé entre autres à la MJC Drouot de Mulhouse et créé là-bas un club de hand « avec certaines vieilles gloires du MSA », il travaille depuis 1998 à Strasbourg. Il est éducateur en Prévention Spécialisée.

« Ça fait plus de vingt ans que je suis dans le social, que ce qui se passe dans les quartiers m’intéresse. »

Après avoir créé le club de foot des Écrivains Schiltigheim Bischheim, lancé les Courses Populaires des Écrivains, été au FCSK 06 et au Mars Bischheim, il a été à l’origine du Sporting Strasbourg Futsal en 2010.

« Je ne suis pas seul dans cette aventure. » Il cite sa « grande gueule préférée », le « si précieux Francis Charlier », Massar Laazibi bien sûr, les techniciens Hazid El Arras, Sofiane Chabbi, Alexandre Tesevic (responsable de l’équipe Une), sans oublier Jesus De Pedro, son prédécesseur.

Il a des projets plein la tête et dans ses sacs. Il parle d’indispensables créations d’emplois, lui dont les éducateurs interviennent déjà en milieu scolaire, à Bischwiller (Collège Saut du Lièvre) et à Lingolsheim (Collège Marie-Alexandre), espérant en faire de même à Strasbourg.

« On redonne confiance à ceux qui n’en n’ont plus »

« On intervient pour pacifier des relations, pour calmer les ardeurs, parfois raciales, reprend Faïçal Amroune. On touche les gens les plus en difficulté. Et on note avec les responsables de ces établissements des mieux au niveau scolaire. Le futsal n’est plus là uniquement pour occuper des gamins, mais aussi pour leur donner un projet éducatif. On les accompagne, on redonne confiance à ceux qui n’en n’ont plus. Notre travail porte ses fruits, le sport n’est pas un but, mais un outil d’insertion. »

Et comme son entraîneur, également professeur de sports, dispense également le mercredi après-midi son savoir à ses élèves au Lycée Corbusier, il rêve de créer une classe-futsal, « notre discipline ayant reçu le label de sport de haut niveau par le Ministère des Sports en février 2013 ».

Il parle aussi de créer une section jeunes dans son propre club (40 licenciés), de mettre à profit les mercredis du futsal, initiés avec la CTS (Compagnie des Transports Strasbourgeois) il y a trois ans, où son club se rend une fois par mois dans un quartier.

« Avec Deborah Berdaguer, on prodigue des conseils aux gamins, on les sensibilise. Et, en collaboration avec les clubs de plein air, on les initie à la pratique du futsal. On touche 700 jeunes dans l’année », explique Faïçal Amroune, jamais à court de provisions, lui qui sort de son sac une autre initiative. « On va créer un Eurotournoi, sur le modèle du handball. »

Les champions de France, de Belgique, de Croatie et d’Allemagne devraient constituer le premier plateau dans quelques mois.

Il n’oublie pas de souligner « l’aide de la LAFA, celle du sélectionneur alsacien Pierre Jacky forcément », même s’il regrette encore que sa discipline ne soit parfois perçue que comme un sport de quartier.

« On nous colle une image, alors que nous ouvrons toutes nos portes. Nous ne sommes pas encore reconnus, peut-être pas encore pris au sérieux, alors que nous jouons au deuxième niveau national. On mériterait la Rotonde, un peu plus de confort pour accueillir nos adversaires et le public, et des créneaux plus adaptés aux jeunes », sourit le président du Sporting Strasbourg Futsal.

Et comme il a une longue marche devant lui, Faïçal Amroune est vite reparti. Continuer à rouler pour les autres, faire rouler ce ballon de futsal. Gommer tous ses faux rebonds pour le faire avancer de plus en plus vite…

par Jean-Christophe Pasqua