La Licra poursuit sa lutte contre les discours de haine sur les réseaux sociaux

Lors du symposium "No hate web. No hate speech", fin mai.

Lors du symposium « No hate web. No hate speech », fin mai.

Le président de la commission Europe de la Licra, Gilles Bloch, n’en n’est pas à son coup d’essai. Dans l’esprit du symposium « No Hate Web. No Hate Speech », dont l’objectif était déjà de lutter contre les discours de haine sur les réseaux sociaux, il animera l’atelier « (Ré)agir 2.0 » au Parlement européen.

Cette intervention qui aura lieu le 23 octobre est destinée aux membres du réseau confédéral des MJC de France qui organise sa convention nationale. Près de 200 personnes sont attendues à cet atelier, articulé autour de trois axes principaux.

Retracer l’origine des images et des vidéos
Aux côtés de Sylvio Philippe, étudiant en deuxième année à l’IEP de Strasbourg, Gilles Bloch entend sensibiliser les participants aux détournements des images et des vidéos. Soucieux d’ancrer son intervention dans l’actualité, ce dernier s’appuiera notamment sur la photo du jeune Aylan, retrouvé mort sur une plage turque. Une « image forte » selon lui, qui a transformé les « migrants » en « réfugiés », mais qui a été l’objet de nombreux détournements et rumeurs complotistes.

À l’aide de leur smartphone ou de leur ordinateur, les participants seront invités à retracer l’origine des documents qui leur seront soumis. Une opération à la portée de tous, puisqu’il suffit simplement de « glisser l’image dans le moteur de recherche Google » pour retrouver le véritable contexte de la publication.

Connaître et utiliser les outils de signalement
Prendre conscience des propos et des comportements néfastes n’est qu’une première étape. Chaque internaute peut signaler d’un simple clic un contenu abusif et prévenir le réseau social concerné. « Aujourd’hui, Facebook et Twitter sont plus réactifs et plus à l’écoute des associations antiracistes », détaille Gilles Bloch.

D’autres outils, souvent méconnus par le grand public, seront présentés lors de l’atelier. C’est le cas de la Plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements (Pharos) qui permet de dénoncer les comportements illicites sur internet.

Cependant, tous les signalements ne mènent pas au retrait des contenus nuisibles. De nombreux internautes reçoivent ainsi un message type de Facebook qui explique que le contenu signalé ne va pas à l’encontre des « standards de la communauté ».

Des engagements concrets
Gilles Bloch souhaite encourager les plus jeunes mais aussi les adultes à « ne rien laisser passer » et à « répondre aux commentaires » des utilisateurs malveillants, aussi appelés « trolls ». Afin de les initier à la pratique du contre-discours (ou counter-speech), la salle sera scindée en deux : « On va transformer une partie des gens en trolls et l’autre partie en modérateurs, explique-t-il. Ca ne sert à rien de répondre sur le ton employé par l’agresseur, il vaut mieux privilégier l’humour et l’intelligence ».

Les jeunes, les animateurs des centres socioculturels et les responsables d’éducation populaire attendus le 23 octobre devront voter à la fin de l’atelier des motions engageantes. À l’aide d’un sondage en ligne, les résultats seront visibles en temps réel. Optimiste, Gilles Bloch espère ainsi assister à « la naissance d’un réseau de counter-speech pour lutter contre les discours de haine ».